• Parcours personnel dans le
débat sur la filiation et les nouvelles formes de famille
Christine Boutin a été amenée
à réfléchir aux questions de société
dans le cadre de la discussion parlementaire sur la bioéthique
en 1992. Dans le cadre du débat sur l’ouverture
de la procréation médicalement assistée
aux couples ayant deux ans de vie commune, elle a souhaité
introduire un amendement précisant qu’une telle
disposition concernait exclusivement un homme et une femme.
Devant l’opposition suscitée en 1994 par un tel
amendement, elle a pris conscience de l’actualité
du problème et a approfondi sa réflexion sur
l’altérité, ce qui l’a conduit à
prendre position, avec le retentissement que l’on sait,
au moment du débat sur le Pacs.
• Position sur la question
de l’ouverture du mariage et du droit à l’adoption
pour les couples de même sexe
Sur la question du mariage gay et de l’adoption,
elle reconnaît qu’un certain nombre de familles
éprouvent des difficultés, mais son expérience
personnelle de la perte d’une mère induit pour
elle le constat que l’altérité est fondamentale
dans toutes les sociétés et que cette situation
n’est pas un hasard. Aujourd’hui on observe une
tentative de remise en cause de ces présupposés
et du principe naturel en général au nom de
la théorie des « gender ». C’est
selon elle l’illustration de la vanité de l’homme
car la réalité biologique n’est pas un
asservissement.
• La question de la parité
Sur la question de la parité, dans
laquelle certaines féministes ont soutenu que l’irréductibilité
de la différenciation sexuelle légitimait une
telle législation, elle considère que cette
disposition est une aberration et une insulte faite aux femmes.
Il est à la mode de mettre les femmes en avant aujourd’hui,
mais quand une femme veut quelque chose, elle l’obtient.
C’est une façon de se donner bonne conscience
à moindres frais. La politique donne des gages.
• Jugement sur les études américaines
relatives aux enfants élevés par des couples
de même sexe
Les études actuelles réalisées
sur la question sont incomplètes car elles reposent
sur un échantillon trop petit. Au Canada les études
sont plus intéressantes. Quant à la Suède,
elle est aujourd’hui en train de faire marche arrière
sur ces questions. En France on entend toujours les mêmes
arguments. Il faut réaliser des études véritablement
objectives et non à charge ou à décharge.
• Etat du débat au sein
de l’Eglise de France
Sur ce sujet l’Eglise n’est
pas très audible. Il y a un déficit des institutions
morales et pas seulement des églises, mais des groupes
de pensée en général. La position de
l’Eglise est difficile à tenir, elle n’a
pas assez été entendue.
• Etat des forces à
droite sur le droit de la famille.
La réalité des forces à
droite aujourd’hui est claire : le mariage homosexuel
et l’adoption pour les couples homosexuels sont déjà
réalisés dans les esprits. C’est une question
de temps. La droite pourrait même légiférer.
Il y a dans cette affaire une démission du politique.
La réalité de l’amélioration du
Pacs par Nicolas Sarkozy est d’aller petit à
petit vers le mariage. L’alignement des traitements
crée une demande légitime chez les homosexuels.
Ceux qui au sein de la droite étaient contre le Pacs
sont aujourd’hui pour son acceptation. Il n’y
aura bientôt plus de raison de refuser.
• Lutte contre les discriminations
et liberté d’expression
La législation sur la HALDE est une
menace pour la liberté d’expression. Certes il
est insupportable qu’il y ait des discriminations. Christine
Boutin a à ce propos fait passer un amendement sur
le handicap. A force de légiférer, on fait un
aveu d’impuissance. Ce qui est grave, c’est qu’un
tel sujet devrait être traité par la culture,
la philosophie, la morale. C’est un aveu d’échec
absolu qui porte en lui des atteintes à la liberté
d’expression d’où l’inquiétude
de la presse. Ce cadenassage des libertés dépasse
le problème et touche à la démocratie
et à la République. C’est l’éducation,
la culture, l’assimilation, l’intégration
qui ont échoué. D’ailleurs, la HALDE ne
satisfait personne.
• Quelles implications recouvre le projet de
constitution ?
Le traité constitutionnel est clair.
Il stipule qu’existe un droit à fonder une famille
et parallèlement est affirmé le principe de
non-discrimination. Ainsi est laissée la porte ouverte
au mariage homosexuel.
• L’accès au mariage et à
l’adoption pour les couples de même sexe est-il
inéluctable ?
Les temps sont à l’expérience.
Mais on pourrait revenir sur de telles loi. L’avortement
est ainsi toujours en question. C’est un problème
certes différent, de nature existentielle. Mais l’Humanité
a besoin de faire des expériences, dont on verra le
résultat. Le vrai problème selon elle n’est
plus le mariage, mais la refondation possible de la société
autour de la théorie des genres.
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