Propos
recueillis le Jeudi 10 mars 2005, Bd Raspail 11h
Vous présentez
Homosexualité et Socialisme (HES) comme une association
de réflexion et de propositions sur les questions lesbiennes,
gaies, bi et trans (LGBT), proche du PS mais ouverte à
toutes les bonnes volontés, et qui réclame l’égalité
en droit pour toutes et tous. Que pouvez-vous nous dire sur
l’Etat du débat au sein du PS et au sein des autres
formations de gauche démocratique sur les questions relatives
aux droits des homosexuels ?
Homosexualité et Socialisme est une
association née en 1983, après la dépénalisation
de l’homosexualité par Gaston Deferre.
Lors de sa création, l’association se concevait
comme indépendante. Elle rassemble d’ailleurs des
militants de gauche, proche du PS, mais aussi des chevènementistes,
des écologistes et des communistes.
Aujourd’hui, elle souhaite toujours conserver cette indépendance,
mais elle a également pour objectif de faire remonter
les revendications des associations de défenses des personnes
LGBT pour alimenter le débat interne au sein du Parti
Socialiste.
C’est pourquoi HES reste très présente du
PS et entretient des rapports constants avec Adeline Hazan,
secrétaire nationale du Parti Socialiste aux droits de
l’homme
Dans ce cadre, elle est présente au congrès du
PS, avec une contribution sur les questions LGBT, mais également
lors des débats internes au PS, au niveau national, fédéral
et dans les sections. Cette présence traduit sa volonté
d’avoir une implication forte, sans toutefois aller jusqu’à
l’intégration. Ses membres restent des militants
associatifs et politiques, d’où l’élaboration
de propositions propres.
Concernant le débat actuel au sein du
PS sur la question des droits des homosexuels, l’agression
de Sébastien Nouchet à Nœuds les Mines en
2004 a permis de mieux sensibiliser les dirigeants et d’obtenir
des avancées substantielles.
Il a d’abord fallu essayer d’analyser les raisons
qui peuvent expliquer cette agression. Plusieurs thèses
sont en présence. Pour le collectif pour l’égalité
des droits, animé entre autres par Daniel Borillo, elle
est l’expression d’une violence symbolique liée
au refus de l’égalité, HES considère
en revanche qu’il s’agit avant tout d’une
agression à caractère strictement homophobe. Elle
s’apparente à une contre-réaction face au
PACS, et ses conséquences ont interpellé le PS,
entraînant une forte participation de ses dirigeants nationaux
lors de la manifestation, organisée par l’Interassociative
LGBT devant le ministère de la Justice et pour réclamer
la pénalisation des propos homophobes.
C’est dans ce contexte que le conseil
national du PS a voté à l’unanimité,
le 11 mai 2004, un texte contenant 4 orientations.
- Le PS s’exprime pour un projet de loi contre les propos
discriminatoires.
- Il souhaite une amélioration du PACS, notamment dans
le domaine de la fiscalité.
- Il s’est exprimé favorablement sur l’ouverture
du mariage au couple de même sexe .et a mandaté
les députés socialistes pour établir un
projet de proposition de loi qui permette cette ouverture.
- Dans le cadre du débat sur l’homoparentalité,
il a décidé la mise en place d’un groupe
de travail chargé de réfléchir sur la question.
Chargé de mener des auditions auprès d’experts,
associations familiales, de notaires, d’avocats, ce groupe
a souhaité mener une étude inscrite dans la durée
afin d’explorer l’ensemble de la problématique,
ce qui l’a conduit à aller assez loin et à
soulever des questions éthiques importantes.
Suite à cette étude, le groupe a d’abord
conclu qu’il fallait privilégier un « nettoyage
» du texte sur le mariage, en remplaçant certaines
expressions, telle celle « mari et femme » par «
les époux », et en offrant la possibilité
d’ouvrir le mariage aux couples homosexuels. En revanche,
il a considéré qu’il n’est pas possible
de séparer conjugalité et parentalité.
Suite à ces travaux, le groupe doit élaborer et
déposer une proposition de loi reprenant ses principales
conclusions.
Et que pouvez-vous nous dire sur l’influence
que ces questions auront sur le programme du Parti Socialiste
lors des échéances de 2007 ?
Il est aujourd’hui hasardeux de faire
des paris concernant le projet socialiste pour l’élection
présidentielle de 2007. Il est au contraire préférable
de travailler sur ce projet et de tenter de l’influencer
en s’impliquant dans les instances en place chargées
de la réflexion.
Plusieurs dirigeants socialistes, tels Dominique Strauss-Kahn,
Laurent Fabius ou François Hollande, se sont exprimés
en faveur de l’ouverture du mariage aux couples de même
sexe.. Au sein du PS, plusieurs cadres qui travaillent sur le
projet sont ainsi proches des revendications d’HES.
Afin de continuer à peser sur le débat,
HES dépose lors de chaque congrès du PS une contribution
signée par plusieurs personnes, et elle cherche à
l’intégrer une motion de synthèse. Ainsi,
en 2003, cette contribution incluait la revendication de la
lutte contre les discriminations.
La période actuelle est celle de la
réflexion et des convictions. 2005 et 2006 doivent être
consacrées à convaincre, indépendamment
de tout jeu de courant, en interpellant toutes et tous sur le
thème de la défense des droits des homosexuels.
Croyez-vous en la spécificité
de l’ancrage à gauche de la lutte pour les droits
homosexuels ? Pensez-vous que la gauche est plus apte à
mettre en place des mesures politiques de gauche que les partis
de gauche ne parviennent pas à appliquer une fois au
pouvoir ?
Il faut partir d’un constat : l’ensemble
des avancées obtenues sur ce sujet l’a été
grâce à des gouvernements de gauche. La droite
n’a jamais dit clairement qu’elle souhaitait des
avancées, ceci s’est traduit notamment par son
opposition lors des débats sur le PACS.
Ensuite, si la droite est prête à jouer la carte
de l’affichage, voire de la récupération,
comme cela a été le cas avec M. Romero, la gauche
n’adopte pas cette attitude.
Il faut certes mettre à l’actif de la droite le
fait qu’elle ait récemment voté la loi induisant
des dispositions réprimant les propos homophobes. Toutefois,
pour les élus de droite, ce vote les « lave »
de leur passé récent, sans pour autant constituer
une preuve de leur volonté d’avancer sur ce thème.
HES est membre de l’International
Lesbian and Gay Association (ILGA). Que pouvez-vous nous dire
de votre travail au niveau international ?
Membre de l’antenne européenne
de l’association mondiale ILGA, HES travaille également
au niveau européen avec des associations LGBT proches
des partis travaillistes, sociaux-démocrates et socialistes
dans les autres pays d’Europe.
Les revendications qui résultent de ces échanges
européens ont permis d’établir une plate-forme
qui doit servir au programme du PSE.
Si les relations d’HES avec les autres associations LGBT
socialistes européennes sont amicales, comme il est possible
de le remarquer lors de chacune de leur réunion, leurs
actions restent toutefois liées aux nombreuses contingences
nationales qui les distinguent.
Enfin, considérant comme positives les avancées
du projet de Constitution européenne, notamment par la
définition des motifs de discrimination dans la Charte
des droits fondamentaux, HES a appelé à voter
pour le projet, après un référendum interne
où le Oui a obtenu 71% des suffrages.
Sur le thème du mariage homosexuel,
pensez-vous que le droit est en retard sur la société,
et que la question du mariage homosexuel n’est finalement
qu’un problème juridique ?
Personne ne peut raisonnablement être
contre le principe du mariage homosexuel. Son refus n’est
pas logique et va à l’encontre du principe de l’égalité
des droits. C’est pourquoi, si deux personnes souhaitent
obtenir ce mariage, il faut pouvoir le leur accorder.
Il peut en revanche être intéressant de proposer
une nouvelle forme d’association, plus souple que le mariage,
lequel peut être perçu comme plus archaïque
et doté d’une forte connotation religieuse. A ce
titre, le PACS est une formule intéressante. Plus souple,
il engage moins et simplifie les conditions de séparation.
Ainsi, le PACS n’est pas un sous-mariage ou une simple
étape : il est utile en tant que tel.
D’ailleurs, il n’est pas certain que les personnes
LGBT veulent uniquement et forcément le mariage. S’ils
sont pour l’égalité des droits, la revendication
du mariage n’entraîne pas de mobilisation très
forte et beaucoup refuseraient le mariage pour eux-mêmes.
Que pensez-vous de ceux qui appellent
à forcer les choses – comme Noël Mamère
qui a célébré un mariage homosexuel à
Bègles – pour faire avancer les mentalités
? Quelle est votre position sur cette expression d’une
forme de « désobéissance civile »
?
Il convient d’adopter une bonne méthode,
et il ne faut pas forcément forcer les choses pour faire
avancer les mentalités.
Au contraire, forcer les choses, comme avec le mariage de Bègles,
risque d’entraîner une radicalisation des positions
adverses. Pour la société française, on
a trop parlé de ce mariage. La véritable question
que pose le mariage de Bègles est celle de la désobéissance
civile. La désobéissance civile peut être
utile quand un droit n’est pas du tout reconnu, comme,
par exemple, le droit de vote pour les femmes accordé
par des maires socialistes du Nord dans les années 30.
Mais en ce qui concerne l’ouverture du mariage aux couples
de même sexe, le couple homosexuel était déjà
reconnu par le pacs. Au contraire , la désobéissance
civile peut être exploitée par d’autres mouvements,
aux objectifs moins démocratiques, voire antidémocratiques.
Ainsi, il est nécessaire de ne pas aller tout le temps
contre la société. Au contraire, la gauche doit
adopter une attitude pédagogique et savoir expliquer
son point de vue. C’est ainsi que concrètement,
elle le fera avancer.
Et que pensez-vous des propositions
visant à supprimer le mariage ?
Tentante sur le plan idéologique, cette
proposition contient néanmoins de trop nombreux inconvénients.
Le mariage concerne aujourd’hui 24 millions de personnes,
qui n’accepteraient pas facilement une telle évolution,
et serait lourde de conséquence pour notre système
d’état civil.
Le mariage est une institution, et on ne touche pas comme cela
à une institution.
Plutôt que d’annoncer cette proposition sans la
formaliser, ceux qui l’ont énoncée auraient
mieux fait de créer un groupe de travail ad hoc et de
voir à quelle conclusion ils arrivent.
Et à propos de l’homoparentalité,
considérez-vous que, sur ce thème également,
le droit est en retard sur la société ?
L’homoparentalité est un problème
de société très vaste qui soulève
plusieurs points.
- Concernant l’adoption par les couples
homosexuels, la situation actuelle témoigne d’une
grande hypocrisie. Officiellement, les célibataires peuvent
y accéder. C’est pourquoi, dans de nombreux cas,
ceux qui demandent à adopter des enfants ne se déclarent
pas homosexuels.
- Sur la procréation médicale
assistée (PMA), cette dernière est autorisée
en France pour les couples stériles mariés. Elle
l’est également pour les lesbiennes en Belgique.
Dans un espace géographique ouvert, tel que celui qui
se construit aujourd’hui avec l’union européenne,
il serait préférable de légaliser un état
de fait et de développer un suivi par les organismes
sociaux. Aujourd’hui, une PMA coûte très
chère et , si certaines femmes peuvent se la permettre,
ce n’est pas le cas de toutes.
- Concernant les « mères porteuses
», le problème est celui de la marchandisation
du corps humain : il soulève des questions différentes,
notamment sur le plan éthique. De plus, il convient de
prendre en compte le coût de l’opération.
Ce débat touche enfin plus généralement
le principe de précaution ou la génétique
dans le cadre d’une thématique très large.
C’est pourquoi ce point ne fait pas l’objet d’une
revendication.
- Concernant la coparentalité, la possibilité
pour deux couples LGBT de concevoir un enfant qui serait élevé
à par quatre personnes a été soulevée.
Toutefois, elle se heurte au fait que, dans la société
française, il ne peut y avoir que deux parents légaux.
Nous pouvons trouver des solutions sur la coparentalité
avec, notamment, l’extention de la délégation
de l’autorité parentale.
L’idée selon laquelle un enfant a nécessairement
besoin de ses deux parents de sexe différent, notamment
vis-à-vis de la question du référent sexuel,
ne se pose plus aujourd’hui en pratique compte tenu du
nombre de familles monoparentales. En outre, un enfant ne se
forge pas forcément un référent en fonction
de son père - ou de sa mère - naturel. Ce peut
être la fonction d’un professeur, d’un moniteur,
ou de toute autre autre personne, membre de la famille ou non.
- Il faut enfin reconnaître que dans
la société française aujourd’hui,
le fait pour un enfant d’avoir 2 papas ou 2 mamans soulève
des moqueries. Si la question ne se pose apparemment pas avant
l’âge de 7 ou 8 ans, elle peut intervenir ensuite.
Pour l’instant, le CNRS n’a réalisé
aucune étude sur ce que devient un enfant élevé
dans une famille monoparentale. HES plaide pour qu’une
telle étude soit organisée. Des conclusions intéressantes
pourront en être tirées.
Ainsi, la question est très complexe,
beaucoup plus que ce qu’elle peut apparaître. Sur
le principe, avoir un parent homosexuel n’est pas condamnable,
mais il faut aller plus loin et examiner l’ensemble des
aspects qui se rattachent à cette question.
A quel point peut-on considérer
que les deux combats, pour le mariage homosexuel et l’homoparentalité,
sont liés entre eux ?
Juridiquement d’abord, les deux questions
sont liées. Et de manière générale,
on établit toujours un lien entre conjugalité
et parentalité. HES aimerait toutefois pouvoir les dissocier.
En effet, aujourd’hui, deux personnes qui vivent en couple
mais qui ne sont pas mariées peuvent procréer.
De même une personne vivant seule peut très bien
être mère ou père, c’est ce que l’on
appelle les familles monoparentales. C’est pourquoi les
deux questions sont à dissocier.
De même, les formes de vie en commun ont profondément
évolué. Deux individus ne sont plus obligés
aujourd’hui à rester ensemble toute leur vie dans
un même cadre juridique. Les liens entre eux peuvent se
distendre et se détacher. Or, ce qu’il est important
de remarquer, c’est que la possibilité pour un
couple homosexuel de devenir parent n’est pas reconnue
en France aujourd’hui.
En tant que tel, dans le cadre du débat
sur le mariage, les opposants ne bloquent pas tant sur la question
du mariage en lui-même mais sur ce sur quoi il tend, à
savoir la reconnaissance de l’adoption. Sur ce point,
le meilleur moyen de faire avancer les mentalités est
de faire travailler et avancer la représentation nationale,
c’est à dire les parlementaires, députés
et sénateurs. En effet, le PACS a finalement été
accepté grâce et à la suite du débat
qui s’est déroulé à l’Assemblée
nationale. Il y aura certes toujours des francs-tireurs à
droite pour s’opposer à toute évolution,
mais les choses avanceront. C’est pourquoi le débat
est nécessaire, notamment en interne au Parti Socialiste.
Le fait qu’il soit long et prenne du temps est d’une
certaine façon obligé et nécessaire.. C’est
grâce au débat que sont réalisées
des avancées. Il est donc nécessaire de prendre
le temps de la pédagogie, afin que les citoyens puissent
s’informer, évoluer et avancer sur ces questions.
Les homosexuels sont-ils bien représentés
par les associations qui parlent en leur nom ? Quel est votre
jugement sur l’apport de ces associations ?
Les associations ne représentent que
leurs militants - mais les revendications dépassent les
militants et permettent de créer un effet de masse. Les
associations ne sont jamais représentatives d’un
tout, mais les militants agissent, et parce qu’ils agissent,
et parce qu’il faut des interlocuteurs, ils sont indispensables.
De plus, les militants peuvent aider, de par leur travail social,
local, ou même en payant simplement une cotisation : le
chèque constitue un acte militant car il permet d’aider.
Ainsi, HES compte 426 militants, dont 119 sont à jours
de cotisations à cette date.
Les militants sont également là sur le terrain
: ils constituent une force de contact, qui permet, par exemple,
de renouer le dialogue dans les familles où l’homosexualité
d’un membre n’a pas été initialement
acceptée. Leur réalité et leur utilité
sociale sont donc évidentes.
Peut-on parler de lobby homosexuel
en France ? Que doit-on en penser ?
Si un lobby est un groupement qui permet de
faire avancer les choses et de se battre pour quelque chose
en s’en donnant les moyens, alors oui…
Mais si le lobby est considéré comme une technique
d’infiltration avec l’objectif de maîtriser
les organisations ainsi infiltrées, alors le scepticisme
est de mise.
Concernant les rapports de séduction, notamment au travail,
les reconnaître reviendrait à réduire l’homosexualité
à la sexualité. Or, l’homosexualité
est plus que cela : il s’agit d’avoir des projets,
un avenir, des parents,… L’homosexualité
s’insère donc avant tout dans un cadre de vie.
Dans le cadre de mondes professionnels considérés
comme plus féminins apparaît la question de l’image
renvoyée et du machisme. Les homosexuels peuvent y exercer
leur métier avec moins de rejet.
Il est néanmoins important que certains homosexuels soient
médiatisés. Cela aide à la construction
de l’identité des homosexuels, notamment chez les
jeunes qui prennent conscience de leur sexualité.
Ainsi, on peut parler d’interconnections, mais pas de
lobby homosexuel. Il s’agit plus d’une question
de société. Ensuite, il existe des réseaux
relationnels, au sein desquels il est logique de faire jouer
ses connaissances. Ils n’en constituent pas pour autant
un lobby.
HES adopte une attitude « pluridisciplinaire
» : éducation, prisons, asile et couples étrangers.
Vous vous organisez en différentes commissions qui abordent
ces sujets. Vous défendez sur ces différents aspects
un point de vue « moderne », progressiste. Ne craignez-vous
pas de brusquer les électeurs en les traitant d’un
bloc, au lieu d’aborder chaque thème progressivement
?
HES a toujours abordé ses revendications
« en bloc ». C’est dans ce cadre qu’elle
s’est exprimée en 2001 pour la réforme du
mariage et son ouverture aux couples homosexuels.
Comme association de réflexion, son approche des principaux
thèmes se construit progressivement, et ses conclusions
sont le fruit d’un travail qui s’étend dans
la durée.
En matière d’éducation, un premier programme
a ainsi été élaboré en 1998, avant
d’être récemment réactualisé.
Dans chaque contribution, tous les thèmes sont abordés,
avec l’objectif de tous les défendre. Il y a ainsi
des choses intéressantes à dire au sujet de la
différence des sexes Mais sur de nombreux thèmes,
il convient de prendre le temps de la réflexion.
Que pensez-vous des dispositions récemment
introduites dans la loi afin de réprimer les propos homophobes
?
Sur ce point apparaissent deux problèmes
principaux :
- Il manque un point important au projet : tous les propos discriminatoires
ne sont pas concernés. Ainsi, les propos qui visent l’état
de santé des personnes et l’identité de
genre ne sont pas évoqués.
- La loi ne permet pas aux associations de se porter partie
civile lors de procès.
Ensuite, ce projet est le fruit d’une
promesse du candidat Chirac lors de la campagne présidentielle
de 2002. Une loi spécifique devait être votée.
Finalement, les dispositions du texte adopté sur les
propos homophobes ne font pas l’objet d’une loi
propre, mais ils sont insérés dans le cadre de
la loi portant création de la Haute autorité de
lutte contre les discriminations (HALDE), après l’adoption
de 3 amendements au Sénat, où de nombreux votes
négatifs ont par ailleurs été enregistrés.
Au final, les parlementaires ont été « piégés
» par le Gouvernement à cause de cette insertion
dans le projet de loi sur la HALDE. Je ne suis pas certain que
les députés et sénateurs de droite auraient
voté ce texte s’il avait été présenté
seul.
Sur la HALDE, son adoption est d’abord
le résultat d’une directive communautaire, puisqu’une
directive datant de 2000 dispose qu’une telle autorité
devait être instaurée avant la fin 2006. De plus,
un certain pessimisme est perceptible sur la portée de
cette haute autorité. En effet, l’existence d’un
conseil supérieur de l’audiovisuel n’a jamais
empêché ni interdit la diffusion de propos à
caractère discriminatoire dans le monde audiovisuel.
Ceux-ci n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucune
sanction.
Enfin, le système de nomination est antidémocratique,
car les membres de cette haute autorité n’ont en
aucun cas à venir justifier leur action devant le Parlement,
c’est ce qu’on appelle le contrôle à
posteriori. Il peut en revanche être compris comme un
moyen de faire plaisir à certains, à travers leur
nomination au sein de ces organismes.
Au final, la HALDE ne correspond pas à une réponse
concrète aux attentes exprimées. En outre, le
peu de moyens qui lui sont attribués, cumulé au
fait que le projet a été dépecé
lors de son examen à l’Assemblée nationale,
contribuent à ce scepticisme.
Revenons sur le mariage. Pensez-vous
que le mariage homosexuel est, à terme, irréversible
?
Il n’existe aucun phénomène
irréversible, et rien n’est jamais acquis. Il existe
des éléments importants, sur lesquels il faut
réfléchir et avancer. Il faut néanmoins
du temps, et un travail de pédagogie permanente s’impose.
En effet, il n’est pas impossible que dans 50 ans, les
avancées aujourd’hui obtenues ne soient remises
en cause. L’exemple de la situation actuelle aux Etats-Unis
le montre.
Les socialistes sont prêts à recevoir les revendications,
mais il faut du temps.
La société hollandaise
est-elle un modèle pour vous ? Pensez-vous que le débat
y est plus libre qu’en France ? Pensez-vous que toutes
les sociétés occidentales seront conduites, tôt
ou tard, à reproduire les « avancées »
sociales hollandaises ?
Les Pays-Bas sont un pays de tradition protestante,
tandis que la France est de tradition catholique. La différence
est très importante, car les Néerlandais sont
plus marqués par le respect de l’individu .
De manière générale, cette question soulève
de nombreuses réflexions relatives à la responsabilité
individuelle.
Au final, le regard de la société sur elle-même
est très différent aux Pays-Bas qu’en France.
Pour répondre à votre question, nous ne pouvons
reproduire en France les avancées obtenues aux Pays-Bas
mais nous pouvons nous en inspirer.
En conclusion, quelle place occupent
les questions du mariage homosexuel et de l’homoparentalité
dans la hiérarchie de vos revendications – si on
peut parler de hiérarchie ?
Le droit au mariage homosexuel et à
l’homoparentalité sont deux questions prépondérantes
pour HES car elles relèvent de l’égalité
des droits et se traduisent par des applications concrètes,
telles que la possibilité de léguer des biens
aux enfants.
Toutefois, ce problème pose de nombreuses questions pour
lesquelles les réponses sont peu évidentes. L’approche
pédagogique reste à privilégier.
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