Biographie
Universitaire et écrivain, elle est
née en 1934 à Paris. Fille de Raymond Aron,
dont elle partage une certaine conception d’un libéralisme
politique critique et mariée à Antoine Schnapper,
historien de l’art, elle est diplômée de
Sciences Po et titulaire d’un Doctorat d’Etat.
Son œuvre est avant tout celle d’une sociologue.
D’abord maître de conférences à
Sciences Po, puis à l’EHESS, elle fut membre
de la Commission Marceau Long sur la réforme de la
nationalité (1987), de la Commission Fauroux sur l’éducation
(1995), de la Commission 2000 du Commissariat général
au plan. Elle est membre du Conseil constitutionnel.
Bibliographie
Son œuvre s’articule autour des
concepts de communauté, de citoyenneté, d’intégration,
de Nation. Parmi ses principaux ouvrages, on citera :
• Juifs et israélites (1980),
sa thèse de Doctorat ;
• L’épreuve du chômage (1981) ;
• La France de l’intégration (1991) ;
• L’Europe des immigrés (1992) ;
• La communauté des citoyens (1994) ;
• La compréhension sociologique (1999) ;
• Qu’est-ce que la citoyenneté ? (2000).
Entretien
* Tous les membres du Conseil Constitutionnel étant soumis à une obligation de réserve, nous ne pouvons que reproduire partiellement le contenu de cet entretien.
Madame Dominique Schnapper nous a reçu
au Conseil constitutionnel afin d’approfondir certains
thèmes développés dans l’article
intitulé L’irrésistible mariage homosexuel
? paru dans Commentaire (Automne 2004). A sa demande, nous
ne procéderons pas à un compte-rendu de l’entretien
mais nous renvoyons à la lecture cet article.
Nous noterons cependant que ce face-à-face
nous a permis de mettre l’accent sur le triple argumentaire
déployé par les partisans du mariage homosexuel
et de l’adoption : la dissociation récente de
la sexualité, de la procréation et du mariage
; la supériorité de plus en plus manifeste et
nécessaire dans nos civilisations de la culture sur
la nature ; l’universalisme républicain qui induit
une égalisation des traitements.
Par ailleurs, cet entretien nous a permis
de préciser le paradoxe né des réflexions
menées en France à l’occasion du débat
sur la parité en ce qui concerne l’irréductibilité
de la différence des sexes comme source de légitimation
de l’inscription dans la loi de l’objectif de
parité entre les sexes. Des personnalités comme
Françoise Héritier ou Sylvianne Agacinski ont
pris à cette occasion des positions en faveur de la
prise en compte de la différence des sexes dans la
sphère publique ; au contraire aujourd’hui, Sylvianne
Agacinski soulignerait que cette même différenciation
est à la base de la cellule familiale, et ce titre,
l’idée de couples homosexuels légitimés
par l’institution du mariage serait à écarter.
Cette argumentation peut être évidemment contestée
: on peut ainsi affirmer que la différenciation des
sexes a sa place dans la sphère familiale et pas dans
la sphère politique ; on peut également, c’est
l’opinion d’un Noël Mamère d’un
Dominique Strauss-Kahn, adopter un point de vue « progressiste
» dans les deux cas de figure. Ainsi la différenciation
des sexes serait légitime dans la sphère publique,
mais non pas dans la sphère familiale.
Enfin l’article de Dominique Schnapper
souligne en conclusion la place que l’on devrait accorder
aux institutions dans ce débat. Le titre de sa contribution
est révélateur. Face à la double aspiration
de nos sociétés démocratiques de plus
d’égalité, telle que théorisée
par Tocqueville dans l’Ancien Régime et la Révolution
et celle de la libéralisation des corps et des êtres
par la technique, qui rejoint ici le mythe de Prométhée.
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