Projet Collectif Sciences Po 2005 : Mariage Homosexuel et homoparentalité
 

Dominique Schnapper - Ecrivain
Actuellement membre du
Conseil Constitutionnel

Biographie

Universitaire et écrivain, elle est née en 1934 à Paris. Fille de Raymond Aron, dont elle partage une certaine conception d’un libéralisme politique critique et mariée à Antoine Schnapper, historien de l’art, elle est diplômée de Sciences Po et titulaire d’un Doctorat d’Etat. Son œuvre est avant tout celle d’une sociologue. D’abord maître de conférences à Sciences Po, puis à l’EHESS, elle fut membre de la Commission Marceau Long sur la réforme de la nationalité (1987), de la Commission Fauroux sur l’éducation (1995), de la Commission 2000 du Commissariat général au plan. Elle est membre du Conseil constitutionnel.

Bibliographie

Son œuvre s’articule autour des concepts de communauté, de citoyenneté, d’intégration, de Nation. Parmi ses principaux ouvrages, on citera :

• Juifs et israélites (1980), sa thèse de Doctorat ;
• L’épreuve du chômage (1981) ;
• La France de l’intégration (1991) ;
• L’Europe des immigrés (1992) ;
• La communauté des citoyens (1994) ;
• La compréhension sociologique (1999) ;
• Qu’est-ce que la citoyenneté ? (2000).

Entretien

Madame Dominique Schnapper nous a reçu au Conseil constitutionnel afin d’approfondir certains thèmes développés dans l’article intitulé L’irrésistible mariage homosexuel ? paru dans Commentaire (Automne 2004). A sa demande, nous ne procéderons pas à un compte-rendu de l’entretien mais nous renvoyons à la lecture cet article.

Nous noterons cependant que ce face-à-face nous a permis de mettre l’accent sur le triple argumentaire déployé par les partisans du mariage homosexuel et de l’adoption : la dissociation récente de la sexualité, de la procréation et du mariage ; la supériorité de plus en plus manifeste et nécessaire dans nos civilisations de la culture sur la nature ; l’universalisme républicain qui induit une égalisation des traitements.

Par ailleurs, cet entretien nous a permis de préciser le paradoxe né des réflexions menées en France à l’occasion du débat sur la parité en ce qui concerne l’irréductibilité de la différence des sexes comme source de légitimation de l’inscription dans la loi de l’objectif de parité entre les sexes. Des personnalités comme Françoise Héritier ou Sylvianne Agacinski ont pris à cette occasion des positions en faveur de la prise en compte de la différence des sexes dans la sphère publique ; au contraire aujourd’hui, Sylvianne Agacinski soulignerait que cette même différenciation est à la base de la cellule familiale, et ce titre, l’idée de couples homosexuels légitimés par l’institution du mariage serait à écarter. Cette argumentation peut être évidemment contestée : on peut ainsi affirmer que la différenciation des sexes a sa place dans la sphère familiale et pas dans la sphère politique ; on peut également, c’est l’opinion d’un Noël Mamère d’un Dominique Strauss-Kahn, adopter un point de vue « progressiste » dans les deux cas de figure. Ainsi la différenciation des sexes serait légitime dans la sphère publique, mais non pas dans la sphère familiale.

Enfin l’article de Dominique Schnapper souligne en conclusion la place que l’on devrait accorder aux institutions dans ce débat. Le titre de sa contribution est révélateur. Face à la double aspiration de nos sociétés démocratiques de plus d’égalité, telle que théorisée par Tocqueville dans l’Ancien Régime et la Révolution et celle de la libéralisation des corps et des êtres par la technique, qui rejoint ici le mythe de Prométhée.